Les événements passés
Eté 1919, Marcel Maurat, le professeur de français, et Maryse Labadie, boulangère à Ax-Les-Thermes, se marient. Maryse s’installe à Prades chez son mari.
L’année suivante, le célèbre peintre juif David Schuman, résidant à Foix, peint Maryse Maurat dans sa boulangerie d’Ax-les-Thermes.
David Schumann est connu pour peindre les ariégeois dans l’exercice de leur métier (éleveur, agriculteur, artisan, commerçant…) et dans leur environnement professionnel.
Pendant ce temps, dans la même boulangerie, Marcel Maurat, amateur d’art, peint également sa femme.
Le peintre conservera son œuvre originale dans son atelier de Foix, alors que Marcel gardera sa copie et l’accrochera au mur de sa salle à manger.
L’été suivant, Marcel et Maryse Maurat ont une fille, qu’ils nomment Aubépine.
En 1928, Le célèbre peintre juif David Schuman donne des cours de peinture à un élève de Luzenac, Emile Piquemal, lequel Emile Piquemal vend une de ses copies de “La Boulangère” à un couple de sexagénaires Pradéens, Yvette et Claude Amiel qui pensent détenir ainsi l’original d’un grand peintre.
En 1929, François Catala, industriel Toulousain ayant fait fortune dans la métallurgie, achète à Prades une résidence secondaire pour en profiter pendant les vacances, en particulier pendant les sports d’hiver.
Pendant les douze ans qui suivront, François Catala profite de la résidence secondaire avec sa femme Jeanne et de nombreux amis de la haute société toulousaine qu’ils invitent régulièrement en villégiature. Il achète des meubles et des tableaux de valeur à des brocanteurs, pour équiper et décorer sa résidence secondaire.
Automne 1933, Marcel et Maryse Maurat divorcent. Maryse part s’installer à Ax avec Aubépine sa fille de 12 ans, laissant seul le malheureux Marcel, qui ne remariera pas.
Hiver 1940, Décès d’Yvette Amiel à 70 ans. Le testament partage la demeure en deux maisons mitoyennes. Les deux enfants Julien et Nicole seront propriétaires chacun d’une maison. Le testament partage le patrimoine des Amiel, qui lèguent plusieurs biens (et notamment un tableau) à Julien, l’ainé. Nicole, la sœur, est furieuse, elle revendique le tableau mais Julien ne cède pas, car il s’agit d’une toile de maître originale.
Automne 1942, Aubépine Maurat, enfin majeure, part vivre à Prades, et loue en bas du village. Elle se met à peindre et fait notamment des copies de la peinture que son père a faite de sa mère quand elle était plus jeune.
Pour gagner sa vie et pour pouvoir loger dans sa propre maison qu’elle loue, Aubépine Maurat fait des ménages, notamment chez Nicole Conte née Amiel (qui habite près de la Bexane).
Solange Peyrat, serveuse à la Bexane depuis 1931, se fait la grande nouvelle amie d’Aubépine. Elles deviennent vite complices.
En Novembre 1942, Juan vit en Catalogne, à Barcelone. Il apprend à la radio que les allemands ont envahi la zone libre en France. Il décide de rejoindre la France pour combattre l’armée allemande. Il arrive en pays d’Aillou. Il réalise que de nombreux français cherchent à rejoindre l’Afrique du Nord en passant par l’Espagne. Il décide de les aider à traverser les montagnes en évitant les lignes de surveillances allemandes.
Parallèlement, Alors que les allemands envahissent la « zone libre », Fernand Conte, le mari de Nicole Conte, entre en résistance et rejoint le maquis, il se fait nommer l’agent « Fripouille ». Comme il travaille à l’EDF, ils décident avec sa femme de faire courir le bruit qu’il est parti sur le chantier de construction du Barrage d’Araing, dans le Couserans (alors qu’en réalité, la construction s’est achevée l’année dernière).
En avril 1943, Aubépine demande à la serveuse de la Bexane, Solange Peyrat, si elle peut exposer ses toiles dans le restaurant, histoire de se faire de la publicité et de vendre ses peintures. Solange a demandé aux patrons qui acceptent pour une période qui s’arrêtera en septembre, date à laquelle Aubépine pourra récupérer ses œuvres invendues.
Aubépine accroche alors ses toiles aux murs intérieurs de la Bexane, dont une qu’elle a peinte de sa mère quand elle était jeune en tenue de boulangère dans le style pictural nommé le “tachisme”. Aubépine explique à Solange que c’est une libre adaptation d’une peinture qu’avait faite son père à l’époque.

En juin 1943, pendant une foire à la brocante à Foix, le peintre amateur, nommé Emile Piquemal, vient vendre à Victor Sicre, brocanteur de Prades, une reproduction qu’il a faite lui-même d’un tableau du célèbre peintre juif Fuxéen David Schumann. La copie est d’excellente qualité, si bien que Victor la lui achète avec l’intention de la vendre en la faisant passer pour la toile originale.
Un mois plus tard, Victor Sicre vend la copie pour une forte somme à l’industriel François Catala, qui pense lui aussi posséder un original.
La situation, deux semaines avant le jeu
Cinq exemplaires de “La Boulangère” existent dans la nature :
- l’original, qui est toujours en possession du peintre David Schumann,
- une première copie réalisée par Marcel Maurat, le mari du modèle, et qui est toujours en possession de Marcel
- une deuxième copie réalisée par son élève Emile Piquemal est vendue à la famille Amiel, et qui est en possession de Julien Amiel, au grand dam de sa sœur Nicole. Julien pense posséder l’original.
- une troisième copie, réalisée également par Emile Piquemal, vendue au brocanteur puis revendue à l’industriel François Catala, qui l’a en sa possession dans sa résidence secondaire à Prades. François pense posséder l’original.
- une quatrième copie, réalisée par Aubépine Maurat, exposée à la Bexane.
Le dénouement
Tout commence mi juillet 1943, quand François Catala, invite Marcel Maurat et Aubépine à venir contempler chez lui le nouveau tableau qu’il vient de s’acheter pour une petite fortune (6 000 Francs).
Michel Maurat est fasciné par le tableau. Et pour cause, il réalise qu’il a devant les yeux le tableau original représentant son ex-femme peinte par le célèbre peintre David Schumann en sa présence il y a 23 ans ! Marcel Maurat décide de le récupérer. Il attendra le départ de François Catala pour aller cambrioler la maison.
Julien Amiel, lui, se montre circonspect devant le tableau, lui qui pensait posséder l’original. Vexé de réaliser qu’il ne possède qu’une copie, il décide d’attendre le départ de François Catala pour aller échanger son tableau avec celui de François Catala.
Marcel Maurat et Julien Amiel ignorent chacun que l’autre à les mêmes intentions.
26 juillet 1943
Marcel Maurat décide de passer à l’action. Il entre avec effraction (par la fenêtre) dans la maison de François Catala. Il vide toute la maison et récupère le tableau de la Boulangère, croyant que c’est l’original, et pose à la place celui qu’il avait peint lui-même.
Une semaine après, comme il possède la clef de la maison de François Catala, Julien Amiel entre pour y échanger son tableau avec l’œuvre originale de François Catala.
Il prend le tableau qu’il tient de ses parents, l’enveloppe, entre chez François Catala, et constate abasourdi que… la maison a été cambriolée ! Des voleurs sont entrés par effraction par la fenêtre du rez-de-chaussée.
Tous les meubles, les tapisseries, la vaisselle, le buste de cerf, tout a été enlevé sauf quelques chaises… et le tableau qui a été épargné. Il en profite pour permuter les deux tableaux.
Une fois chez lui, il accroche ce qu’il croit être l’original à la place de l’autre.
Julien Amiel appelle François Catala pour lui annoncer que sa maison de Prades a été complètement cambriolée.
François Catala lui annonce qu’il montera le plus vite possible à Prades, où il découvrira que son tableau n’a pas été cambriolé.
Marcel Maurat, Julien Amiel et François Catala penseront être en possession de l’original, mais feindront de croire avoir une copie. Ils ne croiront pas si bien dire…
28 juillet 1943
“Juan” continue son travail de “passeur”. Parmi le groupe de personnes candidates au prochain passage se trouve un artiste de Foix, qui se dit peintre et qui doit fuir en toute urgence la France car il se sent personnellement traqué par les allemands. Il n’a plus d’argent, mais il est prêt à donner, à contre cœur, le dernier tableau qu’il a emporté avec lui, en échange du passage dans la montagne. Juan accepte.
De retour à Prades, Juan demande à ses amis maquisards si certains ne seraient pas intéressés par un tableau. Le maquisard “Fripouille”, qu’il croise à l’intérieur du fort, accepte de le lui acheter pour 500 francs. Marché conclu.
En effet, Fernand Conte (dit Fripouille), voyant ce que le tableau représente, se souvient que sa femme Nicole et son beau-frère se sont disputés un tableau qui représentait la même chose, et que Julien l’avait jalousement gardé.
Il va l’accrocher au mur de la maison, pour faire la surprise à Nicole.
Alors qu’elle rentre chez elle en fin de journée, Nicole Conte réalise avec stupeur que le tableau « La boulangère » est accroché au mur de la salle à manger. C’est Fernand qui en a trouvé un exemplaire et le lui a offert.

Ravie d’avoir elle aussi une toile de “La boulangère” comme en avait ses parents, elle remercie son mari, même s’ils pensent (à tort !) que ce n’est pas l’original.
Du 1er au 3 août 1943
Aubépine Maurat, qui va faire le ménage chez sa patronne Nicole Conte née Amiel, découvre avec stupeur qu’il y a un nouveau tableau au mur : la Boulangère ! En l’examinant, elle réalise que c’est peut-être l’original, tellement il est beau.
Nicole Amiel explique à Aubépine, qui est en train de faire le ménage chez elle, que le nouveau tableau accroché au mur vient de lui être offert par son mari Fernand Conte, qui l’a acheté à un passeur.
Aubépine mène le lendemain son enquête. Elle demande à son père de décrire physiquement le peintre David Schumann, sans donner de raison de cet questionnement soudain.
Puis elle vient à la rencontre de Juan et lui demande si le 31 juillet il n’a pas été le guide d’un homme qui lui aurait donné un tableau, et qui était de petite taille, avec une barbiche et des lunettes rondes. Juan lui répond que c’était exactement ça.
Aubépine devient la seule habitante du village à savoir où se trouve l’original.
Le jour d’après, Aubépine Maurat, tapie derrière la maison de Nicole, attend son départ tôt le matin, pour s’infiltrer dans sa maison avec son matériel de peinture (chevalet, tubes, pinceaux, palette…) et passe sa journée à faire une copie du tableau original.
Une fois son œuvre accomplie, elle récupère le tableau original, et accroche à sa place la copie qu’elle vient de faire.
Elle rentre alors chez elle sans laisser de trace, et attend l’heure de fermeture de la Bexane.
Alors que la serveuse Solange Peyrat a terminé sa journée, Aubépine Maurat frappe à son domicile (Solange habite en haut de l’allée des Graviers à gauche) et demande de lui prêter les clés du restaurant tout de suite, car elle veut réaliser quelques retouches au dernier tableau qui reste, sans aucune présence dans le restaurant.
Solange lui prête les clés, mais lui demande de les ramener sans tarder.
Aubépine entre alors dans le restaurant et cache son tableau original derrière le grand tableau de sa mère, de format plus grand, et qui est encore exposé au restaurant. Elle ferme le restaurant derrière elle, repasse chez Solange pour lui rendre les clés et la remercier.
Elle récupérera l’original lorsque l’exposition prendra fin, une fois les soupçons dissipés.