Le Cluedo 2017 en texte et en images…
Lundi 5 août 1944, 14h30, place de la Bexane à Prades.
Tous les enquêteurs en herbe sont au rendez-vous. Les équipes sont constituées.
Au son d’une marche militaire, arrive au pas et en tenue de maquisard le sergent Galopin, du réseau de la résistance de la haute Ariège, qui d’adresse à la foule :
” Gloire au Général Merci d’avoir répondu si nombreux à l’appel de la Compagnie !
Je dois vous communiquer une information de la plus haute importance. Notre agent « Phénomène », infiltrée à la Kommandantur de Foix, a intercepté un message qui venait directement de Berlin, et qui disait en substance : “
Le sergent Galopin
« Ordre d’Hitler : aller au plus vite à Prades récupérer La Boulangère pour la coffrer ».
“Le message ne disait rien de plus. Nous savons qu’une caravane de soldats allemands se prépare à monter à Prades, et qu’ils seront ici en fin de l’après-midi.
La compagnie a besoin de vous pour retrouver La Boulangère pour la mettre en lieu sûr, avant que les allemands ne lui mettent le grappin dessus, ça vaudrait mieux pour elle.”
Un livret est remis à chaque équipe, portant toutes les indications, ainsi qu’un plan du village, sur lequel les emplacements des habitants à interroger sont marquées d’une croix de Lorraine.
Il ne reste plus qu’à les interroger pour trouver les traces de cette fameuse boulangère que les allemands recherchent…
Nicole Conte est infirmière à domicile.
Voisine de son frère Julien Amiel, avec qui elle est fâchée à vie pour une histoire d’héritage dont personne dans le village ne connait vraiment les détails. Elle occupe sa maison mitoyenne.
On sait dans le village que les désaccords entre le frère et la sœur étaient également d’ordre politique, et que le frère et le mari de Nicole ne s’entendaient pas. Le frère est connu pour être de droite, alors que son mari a des idéaux plutôt communistes.
Son mari Fernand ? Il s’est absenté quelques jours car il travaille sur le chantier de construction du barrage hydroélectrique de l’étang d’Araing, de l’EDF, dans le Couserans.
La seule boulangère qu’elle connait, c’est celle de Belcaire, qui fait régulièrement sa tournée dans le village.
Son frère, Julien Amiel est un employé des PTT à la poste de Tarascon. Depuis longtemps déjà, on l’entend à la Bexane faire l’éloge du Franquisme et du Nazisme, et proférer sa hantise du Stalinisme.
On en vient à comprendre pourquoi il a échappé au STO…
Julien connait bien les habitants du village, et se méfie de tous ceux qui médisent sur les allemands et les soupçonne d’être à la solde des maquisards communistes.
De par la connaissance de la population locale que lui apporte son travail d’employé de bureau aux PTT, Julien a probablement participé au recensement des hommes éligibles au travail obligatoire en Allemagne, le STO.
Mais d’une boulangère en particulier, à part celle de Belcaire, il n’en connait pas d’autres.
François Catala, industriel Toulousain ayant fait fortune dans la métallurgie, a acheté en 1929 à Prades une résidence secondaire au milieu du village, qu’il ne fréquente que pendant ses quelques jours de repos.
Il se contente de profiter des sports d’hiver avec ses amis de la haute société Toulousaine qu’il a l’occasion d’inviter ici en villégiature.
Politiquement ancré très à droite, il a vu d’un bon œil l’arrivée des allemands en France. L’armée allemande a même fait prospérer ses entreprises de métallurgie, grâce aux juteux contrats qu’il a réussi à négocier avec la Wehrmacht. Le pragmatisme est son maître mot !
De souche aristocrate, cultivé et amateur d’objets de valeur, François Catala a meublé sa résidence secondaire de meubles et de tableaux de grande valeur achetés à des brocanteurs.
Et justement, François Catala vient d’être cambriolé ! De nombreux meubles, de la vaisselle et de la décoration ont été cambriolés, à l’exception de quelques chaises et d’un tableau.
Les cambrioleurs n’y connaissent rien à l’art…
Mais quel rapport avec notre boulangère mystérieuse ?
Comme voisin de François Catala, nous rencontrons Marcel Maurat.
C’est un habitant de Prades, né à Prades en 1888, professeur de français au Collège Louis Pasteur de Lavelanet, bientôt à la retraite.
Marcel Maurat mène une vie tranquille dans la maison familiale rue de la Carrera. Il est connu et apprécié de tout le village.
Il fut marié de 1919 à 1933 avec Maryse Labadie, boulangère à Ax-Les-Thermes.
Enfin ! une boulangère dans cette histoire !
Ils ont eu une fille, Aubépine Maurat, qui est locataire à Prades, en bas du village.
Attendez une minute, pour peu qu’un soit observateur, que remarque-t-on ?
Que chez Nicole Conte, chez son frère Julien Amiel, chez Marcel Maurat, on a pu se rendre compte qu’aux murs se trouve toujours le même tableau : celui… d’une boulangère !
Même chez François Catala qui a été cambriolé, il restait le tableau d’une boulangère :
Voilà ce que les Allemands recherchent : un tableau de maître !
Il va falloir mettre la main sur l’original avant qu’ils n’arrivent. Mais qui le possède ?
Victor Sicre, le brocanteur originaire de Carcassonne qui habite Prades, où il s’est installé quand il a commencé son métier, il y a 35 ans ?
C’est un bon vivant, qui fréquente régulièrement la Bexane.
Il est connu de la plupart des habitants de Prades, qui l’apprécient pour sa bonne humeur et sa gouaille.
Le mois dernier, il a acheté une reproduction d’un tableau du célèbre David Schumann : “La Boulangère”, et l’a vite revendu (à prix d’or) en moins d’une semaine à François Catala, qui a cru acheter l’original.
La semaine dernière, son voisin Marcel Maurat lui a mis en dépôt-vente de nombreux objets de valeur : des meubles de style, des tableaux, un poste de radio, de la vaisselle en porcelaine, des couverts en argent, un grand buste de cerf..
Victor a réussi à tout vendre, sauf un poste de radio, que Marcel a récupéré au bout d’une semaine de dépôt.
Curieux, tout de même, cette soudaine frénésie de vente…
Aubépine Maurat, 22 ans, est une artiste peintre qui passe son temps à peindre la nature environnante. Elle expose actuellement, jusqu’en septembre, quelques-unes de ses œuvres à la Bexane.
Pour joindre les deux bouts, elle fait des ménages, notamment chez Nicole Conte, qui habite en face de la Bexane.
On sait dans le village qu’à l’âge de 12 ans elle a vécu la séparation de ses parents. Sa mère a quitté son père et est partie habiter avec elle à Ax-les-Thermes. Dès sa majorité (21 ans), Aubépine a quitté sa mère pour se rapprocher de son père à Prades, dont elle est très proche.
Elle a peint des copies de “La Boulangère”. Un exemplaire est d’ailleurs visible à la Bexane.
Quant à l’original, elle ignore où il peut se trouver…
Allons à la Bexane, alors.
Solange Peyrat y est serveuse depuis plusieurs années.
On sait qu’elle est une amie d’Aubépine Maurat, et qu’elle a accepté d’exposer quelques-unes de ses œuvres à l’intérieur de la Bexane.
Notamment une “Boulangère”…
Plus haut dans le village, nous faisons la connaissance de “Juan“.
« Juan », car tel est son nom de code dans le maquis, est un « passeur » qui guide à travers la montagne ceux qui fuient l’invasion allemande ou le STO, entre les lignes allemandes, jusqu’à l’Espagne.
Interrogeons-le, et découvrons qu’il a troqué ses services à un vieil artiste en fuite, en échange d’un tableau qu’il a ensuite vendu… à un résistant.
Et voilà « Fripouille », car tel est son nom de code dans le maquis.
Il est un résistant communiste qui a fui le STO et s’est réfugié en Haute Ariège.
Il tient à garder l’anonymat, et sa présence est exceptionnelle ce jour à Prades.
Il vient surveiller l’arrivée des allemands, en appui de son camarade le sergent « Galopin ».
Serait-ce lui qui aurait récupéré le tableau ? Il le nie, en tout cas.
Et qu’en aurait-il bien fait, de toutes façons ?…
Au détour d’une ruelle de Prades, nous tombons sur Philippe Lagarde, l’ivrogne du village.
Il a perdu ses parents alors qu’il était jeune. Il est toujours resté à Prades, vivant de petits boulots, essentiellement agricoles.
Bien que toujours saoul, Philippe a été le témoin-clé de scènes d’échanges d’un paquet mystérieux entre plusieurs habitants du village.
Il va falloir lui poser les bonnes questions et dénouer les fils tordus de cette intrigue…
Qu’on se rassure, toutes les équipes ont su détricoter l’énigme et trouver où a été caché le tableau original, et par qui.
Le tableau sera mis entre les mains de la résistance, qui saura le cacher en lieu sûr.
Bravo à tous les enquêteurs !
Remerciements
Le comité des fêtes remercie chaleureusement tous les acteurs, les bénévoles et les joueurs qui ont fait de ce Cluedo 2017 un moment privilégié de suspense, de rires, et de partages !
Un grand merci également à :
- Martine Medenvilla, Arlette Moquet, Alice Moquet, et Françoise Fourié pour la réalisation des tableaux
- Jean-Charles et Jean-Denis de la Bexane, les familles Van Rij, Coll, Medenvilla, Fourié, ainsi que Marc et Bernard Rouzaud pour avoir ouvert les portes de leur domicile aux enquêteurs.
Souvenirs de l’enquête…