Le contexte
Prades, Août 1972, 3 mois avant les prochaines élections municipales.
Les bases de l’histoire
L’histoire commence en 1908, quand Lucien Monteil, jeune cultivateur Pradéen de 18 ans, décide de tout plaquer pour tenter sa chance dans les colonies, et débarque à Dakar.
Il trouve un emploi dans une entreprise d’import-export de produit agricole (essentiellement de l’arachide, du maïs et du sorgho), la “SOSENIEX” (SOciété SENégalaise d’Import-EXport), et à force de courage et de ténacité, y gravit les échelons au fil des ans.
Il n’est pas le premier Pradéen à avoir émigré à Dakar. La famille Lelièvre y réside déjà depuis plusieurs décennies. Fils de garagiste, Robert Lelièvre y naît en 1919, et intègre rapidement l’affaire de son père.
Armande, une jeune femme issue d’une lignée de colons français, née en 1903, rejoint la SOSENIEX comme comptable en 1922. Agée d’à peine 20 ans, elle est séduite par Lucien Monteil, devenu cadre dirigeant. Ils se marient et en 1924 donnent naissance à Gérard.
En 1930, Madeleine Vézeau, 10 ans, quitte Bordeaux avec sa famille et s’installe à Dakar.
Dix ans plus tard, elle intègre la SOSENIEX comme toute jeune nouvelle secrétaire du directeur adjoint, Lucien Monteil. Bien qu’ayant 30 ans de moins que lui, Madeleine se laisse séduire par Lucien et devient sa maitresse, et tombera enceinte l’année d’après.
En 1942, Armande tombe malade et meurt rapidement d’une maladie mal soignée, alors que de l’union illégitime entre Lucien et Madeleine nait la petite Manon.
Lucien refuse de reconnaître la paternité, menace Madeleine de représailles si la vérité venait à éclater. Il quitte la SOSENIEX avec une importante prime de départ, et rentre en France avec son fils Gérard, âgé alors de 18 ans. Ils s’installent à Prades.
Abandonnée à Dakar, Madeleine s’occupe seule de sa fille Manon, s’imprègne peu à peu de la culture Sénégalaise, y apprend les coutumes et les rites, et s’intéresse à la médecine vaudou.
Deux ans après, elle rencontre Robert Lelièvre, qui tombe amoureux d’elle. Ils se marient, et Robert prend en charge la paternité et l’éducation de Manon. Robert et Madeleine cacheront toujours à Manon le nom de son père biologique.
A peine installé à Prades et en possession d’une fortune, Lucien Monteil investit dans les carrières de Talc de Luzenac (il en détiendra jusqu’à 30%) et tisse son réseau d’influence.
Il confie la gestion de sa fortune et de ses biens au notaire du village Jean Lagarde, tenu au secret professionnel.
Son fils, Gérard Monteil termine ses études en internat à Toulouse, puis revient habiter à Prades avec son père en 1948, qui lui trouve facilement un poste administratif dans les usines de talc de Luzenac.
Gérard s’intègre au village, rejoint la Société de Chasse des Amis du Pays d’Ayous, et gagne petit à petit la sympathie de la population.
Avec l’appui de son père, très influent dans la région, il accède au poste de maire de Prades en 1954. Il est alors âgé de 30 ans.
Il dirige les affaires de sa commune sans rencontrer la moindre adversité politique, tant l’influence de son père rayonne dans le département.
Gérard restera maire pendant les 3 mandats qui suivirent, jusqu’à aujourd’hui, en 1972.
En 1960, l’indépendance du Sénégal oblige Madeleine, Robert et Manon à fuir le Sénégal. Ils rentrent s’installer à Prades, village d’origine de Robert.
Lucien voit d’un mauvais œil le retour de son ancienne maitresse, mais cette dernière lui a promis de ne rien dévoiler de leur union et du lien de sang avec Manon.
Manon, 18 ans, se prend à aimer la nature environnante et devient bergère à Sept Cases.
L’année qui suit, Robert monte un garage automobile, pendant que sa femme Madeleine ouvre un cabinet de médecine parallèle, associant les plantes médicinales des montagnes à des pratiques vaudous.
Fan de Reggae, Robert Lelièvre arbore un look rasta et se fait appeler Robert Marlet, en hommage à son idole. Il écoute du Reggae à longueur de journée dans son atelier.
En 1970, Robert embauche dans son garage le mécanicien Aimé Roucens, âgé de 34 ans. Aimé fait la connaissance de Manon et tombe amoureux d’elle. Une nouvelle idylle prend forme.
Parallèlement à toute cette histoire, d’autres événements ont eu lieu à Prades.
En effet, Jean-Louis Delrieu, habitant de Luzenac né en 1922 à Prades où il y possède quelques parcelles de terre, a accidentellement commis un meurtre en 1951.
A l’occasion d’une battue aux sangliers, Jean-Louis, adhérent de la société de chasse de Prades, à malencontreusement tiré sur Marguerite Roucens, 40 ans, qui cueillait des champignons, à moitié cachée dans les fougères sur les pentes qui mènent au plateau de Sept Cases.
Il a toujours caché son crime, et le jeune commissaire de 25 ans Auguste Laropion, tout récemment nommé au commissariat d’Ax-Les-Thermes, n’a jamais pu faire aboutir l’enquête. Le meurtre de Marguerite Roucens n’a jamais été élucidé.
Même parmi les chasseurs qui ont participé à la battue, aucun n’a pu être en mesure d’identifier qui avait tué Marguerite.
Barthélémy Roucens, veuf inconsolable à cinquante ans, ne s’est jamais remarié. Il a seul élevé son fils Aimé, privé de mère à 15 ans à peine.
5 ans plus tard, Aimé obtient un diplôme de mécanique, et travaille pendant 10 ans dans différentes villes du sud de la France. Il est revenu à Prades en 1970 lorsque le garage automobile de Robert Lelièvre a recherché un mécanicien et l’a embauché.
Cette année 1972, Prades est en effervescence. L’hégémonie du maire crée des jalousies. Jean-Louis Delrieu est entré en campagne électorale dans le but de gagner les prochaines élections municipales, prévues dans 3 mois.
Jean-Louis Delrieu est conducteur de chantier à la carrière de Talc de Luzenac.
Par une campagne très active, il récolte l’adhésion d’une part de plus en plus importante de la population Pradéenne.
Sa campagne s’appuie sur un retour aux valeurs proches de la nature et sur la préservation de la montagne. Il dénonce notamment un soi-disant projet d’extension des carrières de talcs de Luzenac englobant une partie de la commune de Prades (jusqu’au pied du Scaramus).
Depuis plusieurs années, les images du crime perpétré par Jean-Louis Delrieu ne le quittent plus. Chaque nuit, des champignons géants armés de carabines le poursuivent sans relâche. Il s’en est remis aux bons soins de Madeleine Vezeau-Lelièvre pour qu’elle le débarrasse de ces cauchemars.
Le dénouement
Tout se déclenche lorsque les deux nouveaux amoureux Manon et Aimé, au hasard de leurs conversations, s’’échangent involontairement de terribles vérités.
Manon rapporte dans le détail à Aimé les cauchemars qu’un patient raconte régulièrement à sa mère. Aimé comprend alors que de tels remords ne peuvent venir que de l’assassin de sa mère.
En espionnant les entrées et sorties du cabinet de Madeleine, il finit par découvrir que le meurtrier de sa mère est Jean-Louis Delrieu.
De son côté, Aimé relate à Manon les histoires à succès de l’ancien séducteur Lucien Monteil, le copain de son père Barthélémy. Comme Lucien a eu le malheur de vanter une histoire adultérine avec une très jeune secrétaire à Dakar au début de la dernière guerre, Manon finit par comprendre que la secrétaire n’est autre que sa propre mère.
Désireuse d’en savoir plus, Manon veut prendre contact avec Lucien, qui cherche à l’éviter.
Cependant, Manon constate rapidement un trait physique particulier commun entre Lucien et elle : cette mouche à la joue gauche.
Par vengeance, Manon décide de faire disparaître son fils Gérard Monteil, sur qui son père a fondé tant d’espérances.
Pour brouiller les pistes, Manon et Aimé décident d’échanger leurs meurtres : Manon tue Jean-Louis Delrieu, en fournit les preuves à Aimé, qui s’engage à son tour à tuer le maire Gérard Monteil.
Ce double assassinat aura lieu ce samedi.
Tous les samedi matin, Jean-Louis Delrieu part chasser le lapin sur le chemin des crêtes du Chioula.
Comme le maire a déposé son pick-up en réparation chez le garagiste, Aimé récupère les clés, les confie à Manon, qui prend le pick-up et rejoint discrètement Jean-Louis Delrieu. Jouant la bergère effarouchée, elle “appâte” Jean-Louis, et profite d’un moment d’inattention pour lui subtiliser sa carabine et le tuer à bout portant. Elle prend des photos du mort avec son polaroïd, rapproche le pick-up, charge le cadavre et le recouvre d’une bâche, puis revient rapidement à Prades, avant que ses habitants ne se réveillent.
Elle dépose le cadavre devant le garage, l’inonde d’un jerrycan d’essence et l’incendie. Elle dépose les photos dans la boite aux lettres du garage en guise de preuve pour Aimé, gare le pick-up à son emplacement initial et s’enfuit.
C’est en allant travailler ce matin-là plus tôt que d’habitude que Robert Lelièvre découvre le corps en flammes devant son garage, l’arrose pour éteindre les dernières flammes et prévient la préfecture de police.
Arrivé après son patron, Aimé n’a pas l’occasion d’aller à la boite aux lettres sans risquer d’être vu.
Pendant l’enquête, les photos seront découvertes et montrées à tous les figurants. Aimé aura donc la preuve de la mort de Jean-Louis, et ira honorer son engagement. Il se procurera un pistolet, rejoindra discrètement la mairie, attendra d’être à l’abri des regards, et tuera le maire d’une balle dans la tête. Il masquera son crime par un suicide, mettant le pistolet dans la main du maire, puis reviendra sagement à l’atelier pour continuer ses travaux de réparations.