Exceptionnellement, l’édition 2021 du Cluedo de Prades comportait deux énigmes et un jeu :
- une énigme pour adultes où les enquêteurs avaient pour mission de comprendre pourquoi le jeune Jòan était souffrant
- une énigme pour enfant où les jeunes enquêteurs devaient résoudre une affaire de vols de bijoux et d’objets précieux
- en parallèle, chaque équipe d’enfant devait trouver le maximum d’anachronismes dans le comportement ou dans le discours des acteurs.
Ce que tout le monde ne sait pas…
Croyant des hérétiques, et avec l’aide du curé Pierre Clergue, Pierre Lizier a converti sa femme Grazide aux idées cathares, à l’insu de Fabrisse.
A l’insu de sa mère Fabrisse, très catholique et très pieuse, Grazide, son mari Pierre Lizier, son amant le curé Pierre Clergue, forment une communauté de cathares, avec le seigneur Philippe de Planissoles et sa maîtresse Sybille Baile.
Tous ces éléments… n’ont aucun rapport avec les énigmes à résoudre, ce sont des fausses pistes.
L’énigme pour enfants
Amoureux des femmes, Arnaud d’Urs n’hésite pas à combler toutes celles en mal d’affection qu’il a l’occasion de croiser.
De nature kleptomane, il prend pour habitude d’emporter discrètement un souvenir de toutes les femmes chez qui il a couché. On ne compte plus le nombre de femmes qui ont perdu un objet précieux (bijou, argenterie) après avoir hébergé le colporteur.
C’est la clé de l’énigme pour enfants.
Il s’agit de retrouver le crucifix que Fabrisse Rives a perdu, le collier de pierres précieuses vertes que Grazide Lizier a perdu, et le collier de coquillages que Mengarde Aymeric a perdu.
La semaine dernière, de passage à Ax-les-Thermes, Arnaud d’Urs dort chez Emmengarde Baile (la mère de Sybille), une noble d’Ax-les-Thermes. Au petit matin, il lui subtilise un collier d’une grande valeur.
Il y a deux jours, Arnaud d’Urs profite du départ de Grazide et Pierre Lizier à Bélesta pour demander à Fabrisse Rives de passer la nuit chez elle. Veuve, en mal d’affection, elle accepte.
Au petit matin, Arnaud subtilise à Fabrisse un crucifix et un collier de pierres précieuses vertes à son insu.
La nuit suivante, Arnaud d’Urs demande à Mengarde Aymeric (dont le mari est à Ax-les-Thermes) de pouvoir dormir chez elle. Elle accepte, et le reçoit discrètement dans son lit après avoir couché son fils Jòan.
Arnaud repart avant le réveil de Jòan en subtilisant un collier de coquillages.
Arnaud d’Urs cache son butin dans le fond de sa hotte, sous les couches de peaux de bêtes qu’il vend. Il ne met en vente que les bijoux qu’il a volé dans les villages précédents.
L’énigme pour adultes
Jòan est une victime collatérale d’une tentative d‘empoisonnement commise par Pierre Lizier à l’encontre de son beau-frère Jean Borde, le lépreux du village.
En effet, Jean Borde (de son vrai nom Jean Rives), qui s’est révélé atteint de la lèpre, et a été renié par sa mère et par sa sœur, rejeté par tous les Pradéens, et confiné dans une cabane à l’extérieur du village.
Depuis lors, il s’aventure parfois dans les rues du village en quête de nourriture et d’affection. Il rumine une rancœur à l’encontre de sa sœur et de sa mère. D’autant plus que sa mère, très catholique, était si fière de lui lorsqu’à 22 ans, Jean est parti en pèlerinage vers la terre sainte, à Jérusalem.
Mais bien après son retour, il y a deux mois, voyant qu’il était atteint de symptômes de la lèpre, sa mère y a vu une punition divine, et a jeté l’opprobre sur son fils, qu’elle renie jusqu’à l’affubler d’un autre nom de famille que le sien.
Depuis, Jean va régulièrement dans le village pour harceler et terroriser sa mère et sa sœur qui l’ont renié, en les menaçant de les toucher pour les contaminer.
Afin de mettre fin à ce harcèlement, Pierre Lizier décide, sans en parler à quiconque, pas même à sa femme ni à sa belle-mère, de se débarrasser de lui. Il sait que son beau-frère Jean dépose son écuelle vide dans l’après-midi sur le pas de la porte de l’église, pour que le vicaire Barthélémy Amilhac y dépose les restes de son diner. Jean a l’habitude de passer tard dans la soirée pour récupérer son écuelle, qu’il espère bien garnie.
Pierre Lizier a profité de son déplacement avant-hier à Bélesta pour aller discrètement, pendant que sa femme Grazide dort profondément, acheter de la poudre de cigüe.
Dès que le vicaire a déposé une portion de nourriture dans l’écuelle, Pierre va discrètement déposer sa poudre de cigüe dans l’écuelle, avant que le lépreux ne vienne la ramasser. Quand son beau-frère souffrira avant de mourir, on mettra sa mort sur le compte de la lèpre.
Pierre est désormais sûr que Jean va mourir.
Seulement, imprévu, Mengarde, comme elle le fait secrètement régulièrement (environ une fois sur deux), est venue récupérer les restes destinés au lépreux, et les a ramenés à sa domus. Seul Jòan Aymeric en a mangé.
Le jeu des anachronismes
Rappel : nous sommes en 1306.
Sybille Baile a eu sa mère au téléphone hier, qui lui a dit qu’elle ne retrouvait plus son collier depuis la semaine dernière.
Alexander Graham Bell, professeur pour sourds-muets, était aussi un inventeur. Il créa l’un des appareils de communication les plus importants au monde : le téléphone.
Au milieu des années 1870, Bell commence à travailler sur le téléphone avec Thomas Augustus Watson. Le 10 mars 1876, il expérimente avec succès son invention. Ses premiers mots à Watson, au bout du fil dans une autre pièce, sont : « Monsieur Watson, venez ici. »
Jòan Aymeric est traité depuis ce matin avec des cachets d’aspirine que lui a administré Godfred de Crudilis, le moine herboriste.
Découvert en 1825, l’Aspirine a fait l’objet d’un dépôt de brevet par le chimiste Félix Hoffmann, des laboratoires Bayer en 1899.
Parmi ce qu’a mangé Jòan Aymeric ces derniers jours, figure un plat de pommes de terre.
C’est l’explorateur espagnol Piedro Cieza de Leon qui découvrit la pomme de terre lors de la conquête du Pérou en 1538, et la rapporta en Europe. On la considéra comme une curiosité jusqu’en 1601, lorsque le botaniste français Charles de Lécluse la popularisa en Allemagne, où il vivait et enseignait.
Ce n’est que 150 ans plus tard que l’agronome Antoine-Augustin Parmentier reprit les travaux de son compatriote et entreprit, avec succès, une vaste campagne de promotion.
Barthélémy Amilhac le vicaire de Prades se promène dans le village à vélo.
Les premiers vélos étaient des draisiennes, du nom de leur inventeur, Karl Friedrich Drais. En 1818, ce baron allemand invente ce premier deux-roues, qui est une machine à courir, sans pédales. En 1861, on fixe des pédales sur la roue avant. Le vélocipède est né.
Pierre Clergue le curé de Montaillou consulte sa montre régulièrement.
Nous sommes en 1810. A cette époque, la montre-bracelet en tant que telle n’existe pas encore. L’histoire relate les récits de montres attachées à des bracelets, par exemple chez le philosophe Blaise Pascal. Mais aucune montre-bracelet n’a encore été réalisée…
C’est Caroline Murat, la sœur de Napoléon Bonaparte, alors reine de Naples, qui fait une demande à la maison Breguet d’un « garde-temps » attaché au poignet le 8 juin 1810. Elle sera achevée le 21 décembre 1812.
Le colporteur Arnaud d’Urs est allé chez Fabrisse Rives pour prendre une douche.
La douche ne fait son apparition que vers 1872 à la suite de l’initiative du docteur Merry Delabost, médecin-chef français.
La nuit où Arnaud d’Urs a dormi dans la domus de Fabrisse Rives, Pierre et Grazide Lizier étaient partis en charrette et mule à Bélesta pour refaire le plein de tonneaux de vin.
Les chemins de la haute montagne n’étaient pas assez larges pour permettre à des charrettes d’y rouler. Ils ne servaient qu’au passage de voyageurs à pied, au mieux aidés d’un âne ou d’un cheval.
Jòan Aymeric était à l’école de Prades hier, selon lui et selon sa mère Mengarde.
A cette époque, seuls les enfants de nobles ou de notables allaient à l’école, dispensée par l’église, et seulement dans les villes et quelques villages dans la plaine ariégeoise.
Grazide Lizier, très soucieuse de son apparence, se remaquille très régulièrement. Elle utilise un miroir argenté en verre et un rouge à lèvres.
Le miroir argenté
L’invention du miroir argenté en verre est créditée au chimiste allemand Justus von Liebig en 1835 : l’amalgame d’étain-mercure étant toxique, il le remplaça par le dépôt d’une fine couche d’argent métallique sur le verre grâce à la réduction chimique du nitrate d’argent. Ce processus d’argenture a permis la fabrication en masse des miroirs et a rendu leurs prix abordables.
Dans les cultures rurales, le miroir a été longtemps un objet sans utilité vitale et par conséquent, relevant du luxe propre aux classes aisées. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le paysan n’en possédait pas et n’en faisait habituellement usage que chez le coiffeur. S’il était aisé, sa femme pouvait également se mirer à l’occasion de certaines emplettes. Ses compagnes moins fortunées devaient se contenter de fragments de miroir ou choisir un petit miroir dans l’éventaire d’un colporteur.
Encore, ces miroirs sont-ils de taille réduite et ne permettent pas de se voir aisément de la tête au pied.
Le rouge à lèvres
On doit au physicien et grand chirurgien arabe Aboulcassis l’invention du rouge à lèvres solide, au Xème siècle. Au même moment en Europe, l’utilisation du maquillage était bannie par l’Église.
Le maquillage des lèvres redevient populaire au XVIème siècle, tout d’abord en Angleterre. À la cour d’Elizabeth I, on utilisait un mélange de cire d’abeille et de colorants naturels pour farder sa bouche.
L’usage du rouge à lèvres et du maquillage en général ne redevient populaire qu’au XIXème siècle. La marque Guerlain commercialise ses premiers bâtons de rouge dans les années 1880.
L’actrice Sarah Bernhardt participe largement à la popularisation du maquillage des lèvres en osant porter du rouge en public, ce qui ne se faisait pas du tout à cette époque. Le produit se présente alors dans des petits boîtiers en métal plus ou moins précieux.
Le tube de rouge à lèvres tel qu’on le connaît aujourd’hui apparaît en 1920 et est vite démocratisé.
Philippe de Planissoles est assis à son pupitre. Il écrit ses pensées avec un crayon à papier et une gomme.
Le crayon à papier
La mine d’un crayon à papier est un mélange d’argile et de graphite, en proportions variables.
L’ancêtre du crayon à papier actuel a vu le jour au XVIème siècle, après la découverte en 1564 d’un gisement de graphite extrêmement pur à Borrowdale, en Angleterre.
Ce nouvel instrument d’écriture à base de graphite a progressivement remplacé les pointes de métal (plomb et étain) qui étaient utilisées pour écrire depuis l’Antiquité.
Le crayon à papier tel que nous le connaissons aujourd’hui a été inventé indépendamment par l’autrichien Joseph Hardtmuth en 1792 et par le chimiste français Nicolas-Jacques Conté en 1795.
La gomme
Lorsque l’on écrit avec un crayon mine, les particules de la mine se logent dans les interstices du maillage de fibres qui forment le papier. En passant sur la surface à effacer, la gomme tire les mailles du papier pour déloger les particules de graphite.
En complément la gomme a aussi une propriété abrasive, elle arrache de petites parties du papier. Le restant de graphite qui n’avait pas été enlevé en écartant les mailles, se trouve alors retiré et mélangé aux détritus de papier et de gomme qui forment les pelures que l’on observe quand on gomme une feuille.
Avant que la gomme ait été inventée par l’ingénieur anglais Edward Naime en 1770, les gens ont utilisé des morceaux de pain blanc enroulés pour effacer ce qu’ils ont dessiné ou écrit avec les crayons.
Jusqu’au XVIIème siècle les traits sont effacés en grattant le support avec une lame. Vers 1440 un certain Chennini, dans un livre destiné aux peintres, recommande d’effacer les traits de mine de plomb ou de fusain avec de la mie de pain.
La découverte du latex en Amazonie (tirée de la sève de l’Hévéa) amène les savants européens, à chercher des applications pour cette matière souple et élastique. Dans l’Académie des Sciences de 1751, Charles Marie de la Condamine, découvreur du latex, encourage ses auditeurs à en étudier les propriétés et de rechercher le parti que l’on pourrait en tirer.
La première application, pendant près de 50 ans, la seule sera celle d’effacer les traits de crayon mine.
En devenant plus pratique, la gomme à effacer se démocratise dès le XIXème siècle.
Pierre Lizier cultive son jardin et arrose ses plants avec un arrosoir en plastique.
L’arrosoir
A l’origine, l’eau était transportée dans des panses de chèvre, puis dans des gourdes en cuir. Plus tard, apparaissent des récipients en terre cuite appelés “vases” puis “vaisseaux”, un peu comme des amphores. Ils ne prennent le nom d’arrosoirs que vers le milieu du XVIIIème siècle.
Les premiers arrosoirs fabriqués en cuivre sont appréciés pour leur robustesse, mais leur forme ronde les rendait difficiles à manipuler.
En 1750, soit peu de temps après leur création, grâce aux jardiniers, ils sont complétés. Un grand progrès vient de voir le jour : les pommes d’arrosoirs amovibles ! Et ce n’est qu’à la fin du XVIIIème siècle que l’arrosoir prend l’apparence qu’on lui connaît aujourd’hui.
Le plastique
C’est seulement au début du XXème siècle que le Belge Leo Baekland invente le premier plastique qu’on peut qualifier de 100% synthétique. A base de formaldéhyde et de phénol (composés issus du pétrole), il met au point la Bakélite.
Avec 175 000 tonnes produites par an en 1944, ce fut aussi le premier plastique produit à grande échelle. La décennie 1930-1940 sera celle des plus importantes avancées avec l’invention du PVC (polychlorure vinyle) qui est le premier plastique dérivé de l’éthylène (brique élémentaire très répandue en chimie).
Ce seront les deux décennies d’après-guerre qui seront celles du développement des plastiques.
Entre deux lavages, Mengarde Aymeric s’allume une cigarette avec des allumettes.
Les cigarettes
La première cigarette a été inventée en 1843 mais il faudra encore attendre un demi-siècle pour la voir s’imposer comme un produit de consommation courante.
Les allumettes
La première allumette s’enflammant par friction est attribuée à l’anglais John Walker. En 1827, il met au point un mélange chimique à base de sulfure d’antimoine et de chlorate de potassium qui s’enflamme lorsqu’il est frotté sur une surface rugueuse, type papier de verre.
Quant au briquet à gaz de poche, il fut inventé par le Français Henry Pingeot en 1948.
Fabrisse Rives ouvre des bouteilles de vin en verre avec un tire-bouchon.
Les bouteilles en verre
La bouteille en verre existe depuis l’Antiquité. Mais elle est alors de petite taille et contient plutôt des parfums. Elle commence à contenir du vin en Europe dès la fin du Moyen Âge, juste pour assurer le trajet de la cave à la table.
En 1634 : Les anglais fabriquent les premières bouteilles résistantes de teinte noire, destinées au transport du vin à grande échelle.
En 1707, les bouteilles anglaises sont adoptées partout en France.
Le tire-bouchon
L’ancêtre du tire-bouchon est la vrille à tonneau, ustensile assez courant.
Le tire-bouchon n’apparaît qu’à la première moitié du XVII -ème siècle et il semblerait, contrairement à une idée reçue, que ce soient les Anglais, grands amateurs de vin, qui l’aient inventé. La première référence écrite à un Tire-Bouchon date de la fin de 1681.